Deux parents apprennent la mort de leur petite fille, dont on vient de retrouver le cadavre horriblement mutilé... Cinq ans plus tard, ils sont séparés. Mais la mère reçoit un coup de téléphone d'une enfant qui prétend être sa fille et qui la supplie de venir la sauver. Aidée par un policier et un photographe, elle suit la piste d'une secte étrange, dont les membres sont obsédés par la souffrance et la perversion.
Il s'agit du premier film du jeune réalisateur espagnol Jaume Balagueró. On notera que l'Espagne est particulièrement dynamique depuis quelques années sur le front du thriller et du cinéma fantastique. On pense notamment à Álex de la Iglesia (Action mutante (1993) et Le jour de la bête (1995)). Ce pays a ainsi séduit le producteur Brain Yuzna (Les Re-animator entre autres) qui s'y est installé pour travailler.
En plus, le réalisateur joue aussi la carte de la suggestion sur la secte elle-même. Il nous donne quelques petits indices, mais pas plus. Résultat, on a un peu du mal à se faire une idée précise des activités de ces gens qu'on ne voit jamais. On a le droit à quelques petites indications sur leurs liens avec des survivants des camps de concentration, sur leur réseau de bourreaux pédophiles, mais tout cela reste très vague, et on a l'impression que le scénario recèle de nombreuses pistes intéressantes qui sont sous-exploitées. Les fans de Delta Green qui se léchaient déjà les babines à l'idée d'aller voir ce film risque d'être un peu déçus...
Le réalisateur cherche à rendre une ambiance sinistre à la Seven. Si cela fonctionne parfois, il utilise la plupart du temps des moyens assez grossiers. Le monde est froid: un filtre bleu est fixé sur la caméra pendant tout le film. L'ambiance est oppressante: on prend un objectif qui écrase les perspectives... Le film est aussi parcouru de cauchemars qui sentent le déjà vu: on pense à Angel Heart (1987) et à L'échelle de Jacob (1990), revus par un réalisateur de publicité Nike (accéléré/ralenti, éclairage zénithal appuyé...).
Tout cela est dommage, car l'histoire contient des éléments qu'il aurait été intéressant de développer. Les acteurs se défendent très correctement (à part le gourou emprisonné qui se livre à un numéro ridicule). Certaines scènes réussissent à créer un certain suspens. Elles sont tout de même bien rares dans le film. On remarque aussi que la réalisation et les effets spéciaux sont très professionnels. On n'a pas du tout l'impression de regarder un premier film fauché.
Les fans de serial-killer machiavéliques et de sectes sadiques apprécieront peut-être La secte sans nom (1999) pour sa réalisation soignée et son ambiance lourde et sans concessions. On regrettera tout de même que ce film exploite assez mal son sujet prometteur.